L'ironie

Par Joanna Gence

La vie est pleine d’ironie.

J’ai quitté la Réunion en septembre pour aller suivre une formation en graphisme à Manchester. J’avais effectué de nombreuses recherches avant de me lancer mais j’en étais arrivée à la conclusion suivante: si je veux devenir graphiste, cette formation est la solution. Plus qu’un cours en ligne ou que de livres, étudier à Shillington allait m’apporter les outils et connaissances dont j’ai besoin.

Mais il y a environ deux semaines, notre classe a été contrainte de continuer les cours à distance via Zoom à cause de la propagation du coronavirus.

Je ne suis pas la seule dans ce cas, mais ça a été comme un coup de massue. Cette formation dont je rêve depuis 2017, pour laquelle j’ai travaillé dur... J’avais l’impression que tout était réduit à néant. Ce que je voulais, c’était la proximité avec les professeurs, être avec un groupe de gens ayant le même objectif, recevoir des commentaires sur mon travail pour pouvoir évoluer et de me dépasser…

J’ai d’autant plus de raisons d’être frustrée car il y a un mois, j’ai commencé à travailler dans un espace de coworking. La raison étant que j’avais du mal à être productive à la maison, mais aussi parce que c’était devenu incroyablement dur d’être constamment seule, de ne pas avoir d’équilibre et de tout faire dans le même espace: bosser-manger-dormir

Mon espace de coworking

J’en étais arrivée à un stade où je faisais exactement tout ce que les articles récents vous disent de ne pas faire: travailler en pyjama dans son lit. Oui, oui, j’avoue tout (les articles ont raison, ne le faites pas…).

Et puis, ironie du sort, nous sommes maintenant tous dans cette situation. Bloqué dans le même espace 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.

Je dois avouer que, bizarrement, ça n’a pas été si difficile que ça de reprendre l’habitude de travailler à la maison. Est-ce que j’ai trouvé ce que j’attendais dans mon espace de coworking? Oui et non. Je n’ai pas forgé de liens solides avec mes nouveaux “collègues”, mais finalement ça ne m’a pas dérangé plus que ça. Ça peut sembler bizarre, mais rien que d’avoir une présence autour de moi et d’avoir des gens à qui dire bonjour le matin, c’est quelque chose que j’ai apprécié. J’aime la solitude, j’apprécie de voyager seule, mais j’aime aussi créer des liens avec des gens. Des liens solides et forts, pas superficiels. C’est sûrement pour ça d’ailleurs que je n’ai pas encore développé d’amitié au bureau: un échange aussi banal que “comment ça va” ne peut pas mener à une amitié profonde après tout.

Ce qui est “marrant” avec cette pandémie c’est que c’est l’occasion de renouer avec des amis ou la famille, de prendre des nouvelles, de se faire des apéros Skype... Une chose qui devrait être naturelle au quotidien, et pourtant, avant ça, on trouvait toujours des excuses: on est trop occupé, on n’a pas le temps, on ne prend pas le temps… Mais maintenant avec le confinement, on s’inquiète pour ses proches et on réalise peut-être un peu plus que la vie est assez éphémère et que ces relations doivent être cultivées au quotidien pour continuer de fleurir.

Au début de l’année, on pensait tous que 2020 allait être un véritable renouveau, une prise de conscience… Eh bien une chose est sûre, la prochaine fois, on fera attention à ce qu’on souhaite!

avril 04, 2020 — Joanna Gence

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