Donner, simplement pour faire plaisir

Par Isabelle Millaire

Noël, c’est tellement magique, surtout pour les enfants. Je pense qu’une fois adulte, si on aime encore autant Noël, c’est parce que ceux que nous avons vécus étant enfant nous ont comblés. Je me souviens des rassemblements de la grande famille de mon père à Noël. La maison de ma grand-mère se remplissait tranquillement d’enfants. Nous sommes 32 cousins-cousines. Alors, à chaque fois qu’on sentait le courant d’air créé par la porte d’entrée qui s’ouvrait - je dis porte d’entrée, mais comme dans bien des maisons de campagne, il s’agissait plutôt de la porte de côté. Va savoir pourquoi, la porte d’entrée, celle véritablement devant la maison, n’était jamais utilisée… donc, je disais qu’à chaque fois qu’on sentait l’air froid s’engouffrer dans la maison, on ouvrait les oreilles pour deviner qui venait de dire: «Brrr! Il fait pas chaud! Joyeux Noël! J’ai apporté du sucre à la crème!» OK, tous n’apportaient pas du sucre à la crème, mais moi, c’était ce que je préférais! Ça, et la tarte au sucre… mais là n’est pas le sujet! Donc, si c’était mon oncle Gilbert qui avait parlé, je courais pour aller retrouver ma cousine Silöée, à peu près de mon âge. Ma sœur attendait impatiemment Marie-Ève et Johanne. On avait toutes les deux une gang de notre âge, des plus vieux ou des plus jeunes. J’aimais beaucoup aussi «animer» les plus jeunes! Noémie, Alexandrine, Sophie… Mon Dieu que j’avais hâte de les revoir! Et la fête était simple. On descendait les escaliers menant au deuxième étage en glissant sur les fesses et riant aux éclats et on se cachait dans les manteaux entassés sur le lit de ma grand-mère.

Et on mangeait ce qu’on voulait.

Pour moi, Noël, c’était ça. Plein de monde. Manger des sucreries. Se coucher tard. Entendre rire.

C’est plus vieille que j’ai réalisé que Noël, ça n’était pas ça pour tout le monde. D’abord, plusieurs de mes amies n’avaient pas une famille aussi nombreuse. Pas de cousins-cousines de leur âge… Je les trouvais tellement pas chanceuses. J’aimais follement ces retrouvailles familiales!

Un peu plus vieille encore, j’ai réalisé que tout le monde n’avait pas un foyer aimant… Ben voyons donc, me disais-je, un enfant, tu l’aimes, ça va de soi, non? Bien… parfois, l’amour n’est même pas vraiment en cause. C’est juste… un malheureux concours de circonstances. Triste, mais plus fréquent qu’on ne le voudrait.

Cette année, mon homme a vu passer une publication spéciale et touchante sur son fil Facebook: Un cadeau pour un sourire. Il s’agissait de faire un cadeau à un enfant qui habite dans un centre jeunesse, un enfant de la DPJ. On a décidé de «prendre» chacun un enfant sous notre aile pour Noël. On s’est inscrit et on a reçu des suggestions de cadeaux. Et un prix maximum à respecter pour qu’il n’y ait pas de jalousie la journée du déballage au centre jeunesse. L’homme a eu un grand de 17 ans. Moi, une pré-ado de 11 ans. Des enfants seuls pour Noël. On a expliqué notre démarche à Lou et Mimone. Ils ont fait des dessins pour Lenny et Rosalie. Un prénom. C’est tout. On a emballé leur cadeau avec amour. On s’est imaginé leur joie en découvrant ce qu’ils avaient demandé… et quelques petites surprises pour les faire sourire encore plus. L’empressement de mes enfants à vouloir signer la carte de souhaits ou à faire un dessin «qui brille» m’a fait chaud au cœur. Ils savaient, car on leur avait dit, qu’ils ne pouvaient pas écrire, parler, contacter de quelque façon que ce soit Lenny et Rosalie. On pouvait leur faire plaisir. Tout simplement en leur montrant qu’on avait pensé à eux. Qu’on s’était évertué à rendre leur sac-cadeau le plus beau possible. À y glisser ce que leur cœur d’enfant demandait ardemment.

Donner. Juste pour le plaisir de faire plaisir. Donner sans rien attendre en retour. Elle est là, aussi et surtout, la magie des Fêtes!

décembre 29, 2020 — Isabelle Millaire

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