L’anonymat, un joker nécessaire
Par Isabelle Millaire
Il arrive parfois que l’histoire qu’on veut raconter est, disons, délicate. Soit parce qu’il s’agit de l’histoire de quelqu’un de proche, soit parce qu’elle touche à une partie de notre être qu’on a pas nécessairement envie de montrer au grand jour.
Dire ce qu’on a envie de dire, mais sans blesser certaines personnes qui nous sont chères ou sans révéler des choses sur quelqu’un d’autre, c’est possible en utilisant un pseudonyme. Par exemple, quand j’étais blogueuse pour La Parfaite Maman Cinglante, j’ai signé certains de mes textes «La collaboratrice de l’ombre». Pourquoi? Parce que je n’avais pas envie que tous mes collègues et connaissances soient au courant de certaines de mes craintes de maman.
Il peut aussi advenir qu’on soit touché par un événement arrivé à un proche, mais que cette personne nous ait parlé de façon privée et ne verrait pas d’un bon œil que son histoire soit étalée sur la place publique. Dans ce cas également, ne pas signer son texte de son vrai nom peut être une option intéressante: vous dites ce qui vous semble important, mais sans révéler l’identité d’une tierce personne. Par exemple, si vous signez «La Mère Poule», vous ne révélez pas votre identité, ce qui fait qu’il sera impossible de remonter la piste de qui est «ma soeur», «mon amie», «mon père», etc. que vous mentionnez dans votre texte.
Pourquoi tout simplement ne pas écrire sur le sujet sensible en question, vous demandez-vous peut-être? Eh bien, parce que certains sujets nous brûlent les doigts! Il arrive qu’on ait besoin d’écrire quelque chose pour s’en débarrasser, en quelque sorte. Écrire, dire haut et fort, permet souvent de passer à autre chose. Écrire, ça fait du bien. C’est ce qui m’est arrivé entre autres quand j’ai écrit sur une amie qui a eu un diagnostic de cancer. La nouvelle a été un choc. Cette nouvelle s’est insinuée en moi, me faisant me questionner, me remémorer, m’indigner. J’ai ressenti le besoin de cracher tout ça en mots. J’ai pleuré en écrivant. Ça m’a libérée. Bien sûr, j’ai continué à être touchée par ce qui arrivait à mon amie, mais j’étais plus sereine, plus empathique, moins en colère. J’ai sorti le méchant, comme on dit!
L’anonymat d’un pseudonyme permet, de façon respectueuse bien sûr, d’aborder tous les sujets. Il s’agit d’un moyen merveilleux pour ne pas se censurer de peur de déplaire.
Et, qui sait, peut-être que l’anonymat de l’auteur ou de l’autrice permet au lecteur de s’identifier plus facilement, de se projeter plus aisément dans l’histoire qui lui est racontée?
Bonne rédaction!