Les français

Par Hélène Lebon

Nos textes sont quasiment tous publiés en français sur Lebon Trait d’union, l’occasion pour nous de revenir sur cette langue, justement, cette langue qui nous unit à travers les histoires que l’on raconte. Mais quand je dis le français, je me trompe. En fait, je devrais plutôt dire les français avec un «f» minuscule. Pas les Français, «F» majuscule, gentilé pour celles et ceux qui viennent de France; «f» minuscule, ce qui ne lui enlève rien de sa superbe, bien au contraire! Et puis le pluriel, dont je veux vous donner le sens que je lui appose. 

Le conseil d’écriture du jour est avant tout une demande, à vos plumes, rédacteurs, mamies et papis, jeunes de tous âges. Je vous demande d’être curieux, ouverts et passionnés devant la richesse d’une langue qui est parlée, appropriée, colorée par différentes cultures et réalités, partout autour du monde. 

Pour nous, rédaction internationale avec des locuteurs de différents pays et créateurs de langue maternelle différente, «les français», c'est ce qui nous unit et nous définit le mieux. 

Le français de l’Académie et de l’Office québécois de la langue française. 

J’ai tenu à mettre ces deux institutions car en tant que Française qui vit au Canada et a passé plusieurs années au Québec, je les tiens l’une et l’autre comme les gardiennes d’un purisme linguistique garant des bonnes manières. Des références importantes. 

Mais la vie, ce n’est pas QUE des bonnes manières. La vie, ça goûte, sent, crie, chante et se regarde de plusieurs points de vue. 

Les français de la vie, les français, c’est la vie. 

Mon conseil du jour, c’est de vous exposer aux français des différentes cultures et parties du monde; le vôtre n’en sera que plus riche. Découvrir de nouvelles expressions, mots ou usages n'enlève rien à ce que vous savez déjà, mais apporte beaucoup à la richesse de votre lexique personnel et à votre propre vision du monde. 

Colonialisme, déportation, guerre, je sais que les raisons qui font qu’aujourd’hui dans certaines parties du monde on parle français ne sont pas les plus glorieuses. Mais si l’on ne peut revenir en arrière, entendons la voix de chacun à présent. Enrichissons-nous de nous comprendre pour nous entretenir des réalités et des histoires du monde. Partageons l’orange bleue avec des quartiers entiers, des tranches de vie. 

Un de mes auteurs préférés ou comment l’amour d’une langue grandit 

Je ne peux pas vous parler des français sans évoquer mon coup de foudre littéraire. C’est arrivé dans mon master pour enseigner le français langue seconde, dans le cours de littérature africaine. Une révélation, un tout petit livre, un grand bouleversement: Sony Labou Tansi. On a été 3 sur 25 à l’aimer. Mais quel amour! Lisez ses livres, lâchez votre cerveau, quittez les logiques du récit que vous connaissez, sortez de vos modèles culturels, ouvrez-vous. Le français n’est qu’une excuse, un trait d’union, le sien est tout en saveur. Vous connaissez les mots, mais je ne peux que vous inciter à découvrir le reste. Cet écrivain, comme tant d’autres, fait de la magie. 

Mes français, la réalité d’une expat 

D’abord, je suis née en France. Puis, j’ai étudié le journalisme à l’université, au Québec. J’ai entendu jurer, pleurer, rire avec des mots que je méconnaissais et que j’ai fait miens, adoptant seulement ceux qui me parlaient le plus. Puis, je suis retournée à Paris. J’ai adopté moins de mots, mais quand même. Puis, j’ai eu des amies suisses et maintenant belges et Joanna de la Réunion qui a travaillé avec nous. Et mes élèves en immersion, au Minnesota. J’aime profondément, respectueusement toutes les expressions qui trahissent une histoire, j’aime d’amour la diversité du monde rendue accessible, j’aime absolument tous ces locuteurs, natifs ou non, qui améliorent qui je suis, mot pour maux. 

Ma langue maternelle est un camaïeu dont je suis fière. J’espère avoir suscité ou nourri chez chacun d’entre vous qui aura lu ce texte, toujours plus d’amour pour les français et, pourquoi pas, vous donner envie de dire ou d’écrire, car personne ne commet d’erreur en partageant son histoire. 

mars 30, 2021 — Hélène Lebon

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