Des livres à offrir à nos enfants de 6-8 ans, 9-12 ans ou carrément ado

Par Isabelle Millaire

J’ai toujours aimé lire. En fait, j’ai d’abord aimé qu’on me raconte des histoires. Ma mère me lisait des livres. Mon père inventait des histoires. Avec mon père, mes histoires préférées étaient celles qu’on construisait ensemble, jour après jour.

J’aimais tellement qu’on me raconte des histoires qu’il m’est arrivée de mentir effrontément pour en avoir... Je m’explique. Ma mère était toujours celle qui me mettait au lit. Dans notre routine de soirée, elle me lisait presque toujours un conte de Disney. J’avais un faible pour Blanche-Neige et les sept nains, que je savais littéralement par cœur (c’est elle qui le dit!). La lecture finie, elle me souhaitait bonne nuit et fermait les lumières. Quelques minutes plus tard, c’est mon père qui venait me dire «bonne nuit, beaux rêves, pas de puce, pas de punaise». Et je lui réclamais systématiquement une histoire. Il me disait alors: «Maman t’en a racontée une.» «Non!» disais-je avec force. «Ah, OK. Alors, c’est l’histoire d’un petit chien noir… Comment il pourrait s’appeler, selon toi?» Et, à la lueur de ma petite veilleuse, c’était partie pour ma deuxième histoire d’avant dodo! Maintenant maman, je me dis que mon père savait peut-être que je lui disais un bobard pour avoir une deuxième histoire…

Je ne me souviens pas de ma première visite à la bibliothèque… J’étais tellement petite que, pour moi, la bibliothèque du quartier a toujours fait partie de mon environnement. Ma mère nous y emmenait souvent, ma sœur et moi. C’était comme une île aux trésors! On revenait les sacs remplis de livres et les yeux pleins d’étoiles! Je ne remercierai jamais assez ma mère de m’avoir fait découvrir ce merveilleux monde des livres! Aussi, pour Noël ou pour ma fête, j’ai souvent demandé qu’on m’offre des livres. Oui, j’aimais et j’aime toujours la bibliothèque pour son choix gargantuesque. Mais avoir un livre à soi, qu’on regarde et relit jusqu’à plus soif, dont on décortique les images, dont on apprend des passages par cœur (Blanche-Neige, oui, mais, aussi La Belle au bois dormant, Cendrillon…), c’est tellement agréable! Je le vois avec mon fils, qui a la collection complète de L’agent Jean, et qui, en attendant patiemment que de nouveaux titres sortent, relis encore et encore des livres entiers. Ou alors, il choisit une page au hasard et la relit. Il aime aussi s’installer à la table avec un de ses livres d’Alex A. pour tenter de reproduire, avec ses crayons de bois, un des personnages. Parfois, il crée même un nouveau personnage et rédige une mini biographie de ce petit nouveau qui pourrait très bien s’insérer dans une des histoires du prolifique auteur jeunesse. Bref, un univers de possibles s’offre à lui car il possède ces ses livres.

Pour Noël qui approche, j’ai donc décidé de vous présenter quelques ouvrages qui ont connu du succès, ici, dans mon humble demeure histoire, peut-être de vous inciter à en offrir...

Pour les 6-8 ans

D’abord, une bande dessinée qui plaira aux amateurs du genre: Club Licornes de Tristan Demers, le père de Gargouille. Les trois tomes parus chez Presse Aventure racontent les aventures de licornes, tout aussi audacieuses que jolies, qui doivent régulièrement déjouer les plans machiavéliques de Brad Bad et Mémé Magma, deux vilains terriens qui aimeraient bien les capturer.

Ensuite, des romans pour les lecteurs plus avancés: la série Capitaine Static d’Alain M. Bergeron et Sampar, parue aux Éditions Québec Amérique, compte pour le moment 9 volumes (mes cocos et moi espérons très fort que d’autres suivront) qui sont en fait des romans que je qualifierais de romans graphiques, tant les illustrations y tiennent une place de choix. Ces courts romans racontent l’histoire de Charles Simard, un jeune garçon qui se découvre des pouvoirs électrisants grâce à ses pantoufles! Un super-héros rigolo des plus attachants.

Puis, une collection de livres pour les presque grands qui veulent lire des romans facilement: les Mini Big, chez Andara, permettent aux lecteurs novices de pouvoir dire fièrement avoir lus des romans de 300 pages! Écriture en gros caractères, nombreuses illustrations, couleurs et titres accrocheurs en couverture, les Mini Big ont eu un succès phénoménal chez moi dès le premier titre que j’ai rapporté: King Crotte. Ont suivi Chat volant non identifié, Elvis Banana… et plusieurs autres. L’offre est grande puisque de nombreux auteurs écrivent pour enrichir cette collection, dont Richard Petit, Daniel Thomas, Marilou Addison, Geneviève Guilbault, Hélène Bernier, etc. Les histoires sont drôles, remplies de magie et de personnages cocasses (parents, vous sourirez en découvrant la chanteuse Cœur de Patate). Ils sont également très faciles à trouver (entre autres dans certaines pharmacies), ce qui en fait un cadeau de dernière minute de choix!

 

 

Pour les 9-12 ans

Pour les jeunes lecteurs qui aiment avoir peur

La collection Lune noire de La courte échelle est tout indiquée! Des romans noirs «pour vrai»! Suspense, horreur et frissons sont l’apanage de ces récits que j’aurais adoré dévorer «dans mon temps!» La collection comporte pour le moment 18 titres, dont Ça leur apprendre à sortir la nuit de François Gravel et Martine Latulipe, qui a effrayé mon grand 9 ans par son côté très réaliste et sombre, Le Champ maudit, de François Gravel et Cathon et Oiseaux de malheur de Jocelyn Boisvert. Les livres de cette collection sont classés par catégorie d’âge: 7 ans et plus, 9 ans et plus et 11 ans et plus. Toutefois, je vous recommande plutôt de vous fier à votre bon jugement qu’à cette classification. Selon le tempérament de votre enfant, il se peut que malgré son âge, une lecture ne soit pas appropriée pour lui. Ou encore, lisez le livre en même temps que lui. Vous pourrez alors en discuter ensemble au besoin.

 

 

Pour les jeunes lecteurs qui aiment rire

La maison d’édition Andara, a eu la bonne idée de poursuivre dans la même veine que les Mini Big, histoire peut-être de conserver son lectorat qui grandit inéluctablement en créant la collection Mon big à moi. Ici aussi, l’humour et le fantastique se côtoient. Par exemple, dans Les Aventuriers des jeux vidéo de Geneviève Guilbault, Simon et Adèle se retrouvent à l’intérieur d’un jeu vidéo dans lequel ils devront unir leurs forces pour affronter épreuves et devinettes. Les trois tomes de cette série ont été les Big préférés de mon 9 ans. La recette gagnante des titres accrocheurs et intrigants a été reprise pour plusieurs des titres de la collection, comme en témoigne la série Mimi Moustache d’Émilie Rivard et Richard Petit, dont l’héroïne décide de se faire pousser une moustache (!) pour qu’on l’écoute enfin! Drôle, certes, mais aussi une belle réflexion sur l’importance, parfois beaucoup trop grande, qu’on accorde à l’apparence.

 

 

Pour les jeunes lecteurs qui aiment l’aventure

L’auteur jeunesse Alain M. Bergeron et son ami Sampar sont également derrière la très cool série Billy Stuart, publiée aux Éditions Michel Quintin. Dans les différents ouvrages, on suit les aventures d’un petit raton laveur, de sa bande d’amis et du chien FrouFrou qui les accompagne. Ce qui est attirant dans les romans Billy Stuart, c’est que le texte - la police de caractère utilisée, la grosseur et la couleur – est à l’image de ce qui est évoqué. Par exemple, «Il fait froid.» sera écrit en bleu et ressemblera à des glaçons. Ça rend le récit vivant. Ça rend une émotion ou un ressenti (comme le froid) beaucoup plus palpable pour les jeunes lecteurs qui viennent tout juste de délaisser les albums illustrés. Une autre chose que mon grand et moi avons grandement apprécié, ce sont les incursions de l’auteur dans le récit qui apparaissent sur des post-it (il s’agit d’illustrations, entendons-nous, pas de vrais de vrais post-it!) et les devinettes et autres jeux qu’on rencontre tout à coup au fil des pages. Des livres plein de rebondissements que les parents ont autant de plaisir à lire que leurs enfants!

Pour les adolescents

Ici, ce sont mes coups de cœur que je vous présente. Des livres pour adolescents ou jeunes adultes, que j’ai particulièrement aimés (oui, même adulte!) et que j’aurais juste ADORÉ lire «à l’époque» (Ouf! Ça ne me rajeunit pas tout ça!)

D’abord: la série Elsie, de Catherine Francoeur, parue aux Éditions de la Bagnole, relate l’histoire d’Elsie et de sa rencontre avec le paranormal. Fantôme et Ouija, voilà deux mots qui auraient charmés l’adolescente en quête de sensations fortes et remplie de questionnements que j’étais. Les trois tomes se lisent d’une traite.

Ensuite: Un cœur en cage, de Manon Plouffe, chez Bayard Canada, qui m’a plu pour son côté déstabilisant. Deux familles indiennes se sont établies au Québec il y a une dizaine d’années. Deux filles. Deux adolescentes. Deux milieux de vie complètement différents. Mina, dont les parents sont restés accrochés aux us et coutumes d’une Inde dépassée et Sati, dont les parents ont accueilli à bras ouverts tout ce que leur terre adoptive avait de bien à leur offrir. La première partie de ce court roman est écrite par Mina. La seconde partie est écrite par son amie de toujours, Sati. Les personnages des deux adolescentes sont bien construits. On vit leurs angoisses et leurs interrogations avec l’envie, parfois de les aider, parfois de les consoler. La réalité qui nous est présentée par Mina est troublante. Je pense sincèrement que ce livre devrait se retrouver dans les lectures obligatoires au programme des écoles secondaires.

Finalement: mon coup de cœur entre tous: Rentrer son ventre et sourire, de Laurence Beaudoin-Masse, paru également aux Éditions de la Bagnole. Classé lecture «jeune adulte», probablement parce que le personnage principal est… une jeune adulte! Peut-être aussi parce qu’il s’agit d’une Youtubeuse, que le langage utilisé est très actuel et que les «plus vieux» - dont je ne fais visiblement pas encore partie (thank God!) -, ne s’y retrouveront peut-être pas. Dans ce roman, on plonge au cœur même du monde des influenceurs, qui se mettent en scène jour après jour pour plaire à leurs followers. Élie, ou Quinoa Forever pour ses fans… et détracteurs, est sans cesse préoccupée par ce que les gens pensent d’elle. Penseront d’elle. Pourraient penser d’elle. Quand tout semble enfin s’emboîter parfaitement dans sa vie, Boum! Coup de théâtre. Coup de cœur. Coup de tonnerre. Je ne peux vous en dire plus pour ne pas gâcher votre plaisir de le lire. Mais à la dernière page, j’ai eu envie de hurler: «NOOOOOON!» J’espère vraiment qu’il y aura une suite!

 

 

Voilà! J’espère que je vous ai donné le goût de déposer un livre sous le sapin d’un enfant cette année. Car offrir un livre, c’est offrir le monde.

Et, pour la petite histoire, tous ces livres ont été écrits par des auteurs québécois. Parce que notre littérature jeunesse (et littérature tout court pourrais-je dire) est riche. Belle. Drôle. Originale. Bref, à découvrir. Encore. Et encore.

novembre 25, 2020 — Isabelle Millaire

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