Retourner à l’école à 25 ans

Par Joanna Gence

On dit qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves, qu’avec de la volonté on peut tout accomplir et que l’âge n’est qu’un nombre. J’ai déjà vu des gens de 40 ans reprendre leurs études et en être tout à fait heureux. Mais quand je pense à mon envie de reprendre mes études à 25 ans… ça me met dans un certain état de panique. Je dois avouer que j’éprouve une certaine obsession sur l’âge et le temps qui passe. Même si personne n’y échappe, eh bien moi ça me terrifie.

Pas besoin de tergiverser, bien sûr que la pression sociale y est pour quelque chose. Cette pression que tout le monde s’acharne à mettre sur vos épaules dès le plus jeune âge en tenant des discours redondant sur les choses que l’on doit accomplir dans la vingtaine et la trentaine.

J’ai mis du temps à découvrir qui j’étais et ce que je voulais faire de ma vie. Où que j’allais, la fameuse question « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard » me suivait comme mon ombre, mais je réussissais à la balayer d’un coup de main en disant que j’avais encore le temps, après tout j’étais là pour aller à l’université pour 5 ans, non ? J’avais 18 ans, j’aurai bien le temps de me décider ! Et en attendant, j’ai choisi de m’enfermer dans un cursus où j’étais douée sans forcément me poser les bonnes questions.

Et puis un an est passé, puis deux, puis trois et bientôt le moment de préciser ses plans est arrivé. Comme s’il y avait une date de péremption quelque part et qu’on ne pouvait plus se permettre de reculer l’échéance. Comment peut-on demander à une enfant de 18 ans qui n’a jamais rien vécu de choisir ce qu’elle veut être pour le reste de sa vie alors qu’elle n’a jamais vraiment eu à penser par elle-même ? Alors qu’elle ignore à quoi ressemble le monde et qui elle est réellement ?

Deux ans se sont écoulés depuis que j’ai obtenu mon diplôme. J’ai effectué plusieurs petits jobs, vécu dans plusieurs pays différents et finalement après une longue réflexion j’ai décidé de reprendre mes études pour faire ce qui me passionne réellement. J’ai mis du temps à réaliser ce qui me rendait heureuse et ce que j’avais envie de faire de ma courte existence. Il m’a fallu de nombreux voyages, des échecs et plein de rencontres pour enfin arriver à la conclusion que me consacrer au domaine artistique était la seule véritable façon de me sentir accomplie. Alors voilà, j’ai décidé de reprendre à zéro.

Enfin, pas tout à fait !

J’ai déjà passé 5 ans de ma vie à l’université alors oui, je veux reprendre mes études, mais plus elles seront courtes mieux, je me porterais. Je ne veux plus de ce statut d’étudiante fauchée, non merci ! Et puis, pour compliquer les choses, j’ai décidé de chercher une université à l’étranger ce qui implique un coût conséquent. Les écoles sont nombreuses, tout comme leurs promesses de réussite et de succès mais après plusieurs déceptions du système universitaire, j’aborde la chose avec une certaine prudence, c’est pourquoi ma recherche de l’école parfaite est longue est fastidieuse. Cet argent durement gagné, il serait dommage de le gaspiller.

Mes critères pour ce cursus parfait ?

Je cherche une école internationale (de renommée si possible), avec des professeurs assidus et impliqués qui m’apprendront tout ce que j’ai besoin de savoir pour faire de ma passion mon métier en un an ou 18 mois maximum, tout en me permettant de travailler en même temps.

Je me suis tournée vers de nombreux pays et j’ai envisagé l’Italie, le Danemark, la Suède, le Royaume-Uni, le Canada, la Chine, la Malaisie…

Mais le même facteur décisif revient à chaque fois. Parce que quand on veut reprendre ses études à cet âge-là, il y a d’autres choses à prendre en compte, auxquelles on ne pensait pas quand on avait 18 ans. Maintenant j’éprouve cette envie de me poser quelque part, mais sur le long terme ! Voler de ville en ville ou de pays en pays avec toutes mes valises, je l’ai déjà fait… et pas qu’une fois ! Alors voilà, plus que le choix d’une école, c’est aussi un choix de vie que je vais faire : choisir l’endroit où je voudrais me poser pour les années à venir. Je veux un véritable chez moi, sans avoir à aller emprunter le canapé des amis ou rester chez mes parents. Cette fois, c’est ma vie que je m’apprête à construire et c’est ce qui rend le choix beaucoup plus difficile.

Après de longue recherches, j’ai finalement décidé d’aller au Royaume-Uni, à Manchester. Pourquoi ce choix? C’est sûr qu’avec le Brexit et le coût de la vie, ça ne semble pas idéal! Eh bien, c’est tout simplement parce que j’ai trouvé une école qui me semble parfaite pour ma situation! J’ai découvert Shillington lorsque je vivais à Londres (il y a déjà deux ans!) et je l’avais laissé dans un coin de ma tête. Finalement, après avoir longuement parlé avec 3 anciennes élèves qui n’avaient que des compliments à me communiquer sur le programme et sur l’école, j’ai décidé de sauter le pas! Shillington me permettra donc d’étudier pendant 9 mois à temps partiel, ce qui me laissera le temps de travailler à côté. Je ne sais pas si je resterais à Manchester sur le long terme, je n’y suis jamais allée... Mais j’aime énormément le Royaume-Uni pour son côté multiculturel et ses magnifiques paysages champêtres alors cela ne m’effraie pas vraiment à vrai dire.

Après ce long périple j’ai l’impression d’enfin réaliser ce pour quoi je suis faite. J’en aurai mis du temps ! Mais au final j’essaie de garder en tête que ce n’est pas la destination qui est importante, c’est le voyage. Oui, peut-être que quand j’aurai enfin fini mes études mes amis auront déjà leurs enfants et une vie toute planifiée mais au moins je sais que j’aurai pris le temps qu’il faut pour être la personne que j’ai envie d’être. Alors que je finisse à 26 ou à 27 ans, who cares ? Une vie peut être si longue… ou si courte ! Personne ne peut prévoir ce qui va arriver, alors autant essayer de vivre selon ses propres conditions jusqu’au bout !

avril 30, 2019 — Joanna Gence

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