Sa Majesté Mouche, l’adoption.

Par Marlène Lefebvre


Elle, elle est belle. Des poils à foison sur son petit corps chétif. Elle adopte parfois même (trop souvent) le style de Bob Marley avec des noeuds qui abîment sa douceur. Elle est tendre, enfin juste au moment de dîner. Elle est joueuse, enfin quand on ne joue pas avec elle. Elle sait nous éviter à merveille, nous réveiller la nuit, gratter à la porte d’entrée quand elle commence à se peler dehors. Elle, c’est Mouche. Ma Mouche, ma beauté, ma grosse beauté même.

De «j’aimerais avoir un chat», Jules est vite passé à «je veux un chat». Nous en avons tous les deux eu toute notre vie, alors c’est vrai que cette présence manquait dans notre nouveau chez-nous québécois. Pour ma part, j’en voulais un aussi, mais je trouvais toujours des excuses pour retarder l’arrivée d’un animal alors que je mourrais d’envie de papouiller. Pourquoi? La peur. La peur de tomber sur une bête sauvage enragée qui détruit le peu que nous pouvions avoir à ce moment-là, la peur d’être en amour avec une petite chose qui pourrait être malade (des frais et des frais, voir cette petite chose souffrir, etc.), la peur de s’attacher à un animal qui n’aurait qu’idée de s’enfuir. Bref.

Puis un jour, déclic. Ça me manque à moi un gros minet, puis le fait d’en parler à presque tous les jours n’arrange rien. Ma seule condition, adopter un chat éclopé par la vie (un chat à trois pattes, aveugle ou que sais-je, un chat dont personne ne voudra jamais, ou tout simplement un chat qui a été abandonné).

Ni une, ni deux, direction le refuge de la rive Sud de Montréal, Boucherville. Des bénévoles qui jouent avec les animaux dans des lieux imaginés pour, propreté des espaces, luminosité… Un lieu rempli d’amour, mais aussi de tristesse.

Un beau chat roux à la carrure de Simba du Roi Lion nommé Harry nous fait de l’oeil, mais le pauvre a des problème de vessie, est sous médicaments, il lui faut un régime spécial… Puis une autre minette, toute petite mais déjà 4 ans (32 ans en âge humain, elle est plus vieille que moi!), Zoé. Mais elle a l’air drôlement craintive. Pas de coup de coeur ici. Enfin pour moi…

Direction la SPCA de Montréal. Cet après-midi-là, nous avions seulement le choix entre adopter un coq et un lapin. Alors, toujours pas de coup de coeur, vous vous en doutez. Sauver un animal de l’abandon, c’est un grand oui, être réveillé tous les matins par un «cocorico» pour m’avertir que le soleil se lève, no thanks! (Le tout en appartement, évidemment).

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Retour vers notre chez nous. Discussion. Je suis un peu triste de repartir les bras vides, mais Jules ne voit pas vraiment les choses de la même façon. Il est amoureux. Il est amoureux de Zoé, la toute petite du refuge de Boucherville. Cette fois, c’est moi qui ne vois pas les choses de cet oeil. Elle est mignonne, oui. Elle a été abandonnée il y a 2 semaines par manque de propreté dû au stress causé par les animaux et les enfants qui l’entouraient. Bye-bye le tapis et le canapé du salon. C’est donc un non pour moi. Puis nous ne l’avons pas beaucoup vue; elle avait décidé de jouer à cache-cache ce jour-là.

Évidemment, Jules est tenace, déterminé, et amoureux. “L’amour a ses raisons que la raison ignore” qu’on disait. L’exemple ici en est la preuve.

Je me dis que c’est une première recherche, nous irons voir un autre jour, nous ne sommes pas au jour près. Encore une fois, Jules et moi ne sommes pas en accord. Monsieur veut sa Madame.

L’après-midi passe. La soirée se déroule tranquillement. La nuit porte conseils, comme on dit. Le matin, la magie a opérée et c’est décidé, Zoé viendrait habiter chez nous dès que possible. Oui, je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup, en silence, et très longtemps, et souvent, pour pas grand-chose (mais dans ce cas, ce n’est pas une simple chose, on est d’accord).

Je m’en vais travailler.

Le soir, elle est là, triomphante sur un carton GoodFood.

Zoé est calme. Zoé est un peu craintive. Zoé se couche soit dans sa nouvelle litière (il parait que ça les rassure, ces petites bêtes là), soit dans un coin de la pièce, celui le plus éloigné de nous, qui observons et ne cherchons qu’à faire sa connaissance. Zoé est propre. Zoé n’a d’attention que pour la fenêtre et les bruits extérieurs. Zoé a sa propre pièce pour 4-5 jours, sous conseils des vétérinaires, afin qu’elle s’habitue à son nouvel environnement, encore inconnu et plein de mystères. Quelques ronrons s’échappent parfois des cordes vocales de Zoé.

Zoé… Zoé. Non. Mouche. Pourquoi Mouche? Parce que. Mouche est restée 2 jours dans sa pièce. Petite bête effarouchée dans une micro-pièce est rapidement devenue Majesté au sein de son royaume (oui, nous habitons un palais).

Ca fait désormais plus de 6 mois qu’elle habite avec nous, enfin, que l’on habite avec elle. Mouche, elle est parfaite, propre et non stressée. Tous les jours, lorsque je me tape des bugs sur elle (oui, tous les jours), je lui demande “Mais pourquoi ils t’ont abandonnée ma Mouche?”, “ As-tu déjà eu des bébés ma Mouche?”, “T’allais dehors avant ma Mouche?” Elle ne me répond pas, jamais. Pire, elle m’ignore cette ingrate. Je la pense heureuse ici. Et moi, je le suis d’avoir sauvé c’te p’tite bête d’un refuge, de lui donner une seconde vie, tout mon amour (qu’elle rejette), de la protéger du gros Alicio (le chat de notre voisine), de subvenir à ses besoins en lui achetant de la croquette de compet’ qui nous coûte un bras, des jouets qui font “dring-dring” dont elle se fout une fois sur deux, de la brosser dans le sens du poil afin qu’il ne s’éparpille pas sur notre superbe et unique tapis Ikea.

Depuis que Mouche nous accompagne, je l’avoue, il m’arrive de virer très rapidement de bord dans la quétainerie: je suis niaiseuse lorsque je lui parle (ne vous cachez pas, nous parlons tous à nos animaux de compagnie), je suis souriante à tous ces faits et gestes (même quand elle dort), j’arrive toujours à placer une anecdote de Mouche dans toutes mes conversations (bonjour, je suis insupportable), j’ai envie d’acheter des joujoux dring-dring chez Mondou, de superbes croquette au thon (ses préférées) chez Nature ou encore des magnifiques paniers qui embelliraient mon intérieur (ben autant en profiter) chez HomeSense. Des papillons dans le ventre quand je pense à elle; il semble que je sois tombée amoureuse à mon tour moi aussi.

Mouche, c’est une toute petite taille de guêpe dans un monde de grand, un passé peut-être difficile. Tant de questions qui resteront pour nous sans réponse. Mais le passé, c’est le passé . Voyons droit vers le futur, rêvons des câlins que Mouche nous fera peut-être un jour, des nuits entières qu’elle nous laissera faire et j’en passe... À la tienne ma Mouche. Longue vie au… à Mouche!
P. -S. Mouche est une gentille, mais se donne des airs de gros Matou sur son Instagram (don’t judge me, je vous expliquerai ça dans un prochain article).

 

février 17, 2020 — Marlène Lefebvre

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