Chaleur non Celcius - Mexico

 Par Michel Solis


Bonjour! Je suis Michel. Mon acte de naissance, suite à un calcul facile, m’informe que j’ai un certain âge. Mon corps m’avise pour sa part, de temps en temps, que j’ai un âge certain. Ma tête, elle, nie tout; elle tend à manifester contre. Mon cœur, lui, est libre de toutes ces contraintes.

Comme dit Michel Rivard dans une de ses chansons, « j’ai grandi sur la Rive Sud, bébé ». La « Rive-Sud » du Saint-Laurent, celle qui est à l’est de Montréal. Et j’y vis encore.

Il y a longtemps, avant ma naissance, celui qui allait devenir mon père est venu du Mexique pour étudier avec Wilder Penfield, une sommité en neurochirurgie; il a rencontré celle qui allait devenir ma mère, une rousse aux yeux bleus de la Vallée du Richelieu, et a passé sa vie dans la région de Montréal. Je suis issu de cette union qui a de beaucoup précédé l’ALÉNA.

©Michel Solis - Paseo de la Reforma

Un œil sur le Mexique

J’ai donc de la parenté au Mexique. Des tantes, des oncles et des cousins sont établis dans et autour de la ville de Mexico. Je vais les voir régulièrement, au moins une fois par année, parfois deux ou trois. Merci à ceux qui trouvent des vols à rabais!

Tout dépendant de la source d’information consultée, la ville de Mexico est a) un lieu à éviter, d’un danger total… ou b) un endroit magique, une sorte de New York latine, avec des gens plus chaleureux et beaucoup moins pressés que dans la mégapole américaine. J’ai déjà entendu un reportage de Radio-Canada qualifier Mexico de « la ville la plus dangereuse des Amériques »… Et un autre annonceur sur ces mêmes ondes vanter l’extraordinaire voyage qu’il y avait fait. Le tout constituerait un reportage équilibré? Bien voyons… Je ne saurais quant à moi qualifier Mexico de « la plus dangereuse », alors que j’en ai vu d’autres. Les opinions peuvent toutefois varier passablement même chez les mexicains! Un mercredi soir, au centre de la ville de Mexico, je peux attendre en ligne avec une dizaine d’entre eux devant un restaurant très couru de la très belle Avenida Juarez, avec bonheur, jasette et sourires, et sans l’ombre d’un souci. Cette même soirée, des membres de ma propre famille mexicaine refusent de s’y aventurer pour m’y accompagner.

©Michel Solis - Un café dans la Colonia Roma

Le risque…

Je suis allé souvent à la ville de Mexico. Disons, depuis ma naissance… plus d’une soixantaine de fois. J’y suis allé pour diverses raisons; pour montrer le nouveau bébé que j’étais à mes grands-parents mexicains, pour montrer mon nouveau bébé à mes tantes, pour renseigner mes filles sur leurs racines, pour des évènements familiaux, culturels, pour le Dia de los Muertos, et bien d’autres.

L’avis du gouvernement canadien au sujet des voyages au Mexique est un peu comme ce qui suit:

Faites preuve d’une grande prudence au Mexique en raison du taux de criminalité élevé et des barrages routiers illégaux qui sont parfois érigés dans tout le pays.

On ne prend pas un tel avis à la légère!

Mais je ne me suis jamais fait voler ni violenter à la ville de Mexico.

Certes, mon « petit radar personnel de jugeotte » fonctionne beaucoup plus fort à Mexico qu’à Montréal. Certes, je suis beaucoup plus conscient de ce qui se passe autour de moi à Mexico qu’à Montréal. Certes, à Mexico, il y a eu des fois où quelqu’un est « tombé » à côté de moi et où, croyant à une mise en scène, je me suis éloigné calmement sans l’aider. Certes, je me promène à Mexico avec un sac en bandoulière bien fermé qui contient ma bouteille d’eau, mon livre, mon chandail etc., et qui couvre bien la poche de mon pantalon qui contient mon portefeuille.

Mais je ne me suis jamais fait voler ou violenter à Mexico. Et j’y vis régulièrement des moments extraordinaires. Les pires larcins à mon endroit se sont produits à Rome et à Nice, des villes que l’on n’hésite pas à visiter.

On parle tant de sécurité. On parle tant d’avoir peur. On ne parle pas de ce que coûte cette peur en occasions manquées.

Le risque en vaut la chandelle

On ne peut toutefois pas nier qu’on encourt plus de risques en visitant Mexico qu’en visitant Montréal, Paris, Stockholm et bien d’autres villes. Pourquoi donc choisir Mexico alors, si l’on n’y a pas de parenté?

  • Il y fait soleil presque tous les jours entre novembre et avril.
  • On y mange très bien.
  • Les musées y sont nombreux et beaux.
  • Découvrir les cultures autochtones y est très intéressant.
  • C’est en même temps l’Amérique latine et l’Amérique du Nord.
  • L’architecture coloniale espagnole y est impressionnante.
  • Les prix y sont raisonnables.

Mais surtout…

Pour les gens. Pour les merveilleuses personnes.

Pour la chaleur humaine.

©Michel Solis - La Avenida Juarez

Dans une ville de vingt-cinq millions d’habitants, un vendeur de journaux devant qui je suis passé trois fois m’a reconnu et m’a demandé si j’étais nouveau dans le quartier.

Dans une ville de vingt-cinq millions d’habitants, dans un café plein à craquer, une personne assise seule à une table m’a offert de partager sa table avec elle pour m’éviter d’attendre.

Dans une ville de vingt-cinq millions d’habitants, un restaurateur que j’avais complimenté, après avoir terminé mon assiette, pour son délicieux poulet en sauce, m’en a rapporté un peu sans que je le demande, avec un grand sourire et sans frais.

Et un vendeur de bonbons, dans la rue, m’a expliqué patiemment le processus de fabrication d’un bonbon mexicain en particulier, sans pousser la vente, semblant simplement heureux de me le faire connaître.

Et un vendeur de jus (et quel jus!) m’a reconnu, alors que ça faisait 9 mois que j’avais quitté la ville de Mexico, et m’a demandé pourquoi j’avais mis tant de temps à revenir.

À Mexico, la relation informelle avec « l’autre être humain », c’est important. Cette attention, cette chaleur, sont malheureusement bien rares au Nord. Le fait que je parle espagnol aide certainement, mais le moindre effort pour parler cette langue avec des « buenos dias » et des « gracias » est très bien accueilli.

C’est pourquoi je retourne si souvent à la ville de Mexico. C’est pourquoi je m’y sens chez moi.

C’est pourquoi je vous la recommande.

Les médias parlent cent fois de la violence et aucune de la gentillesse.

Et toi, quelle est la dernière fois où tu as pris un risque calculé, pour tenter de découvrir quelque chose d’extraordinaire?

Au moment d’écrire ces lignes, il y a trois vols directs par jour de Montréal à Mexico. Ces avions ne sont pas tous peuplés de super-héros.

septembre 12, 2019 — Michel Solis
Balises: Voyage

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