Faites circuler, SVP! Ou la beauté de l’économie du partage

Par Isabelle Millaire

Maman de deux enfants, un emploi à temps plein, mais pas fortunée pour autant, j’aime beaucoup cette mode de redonner au suivant, car économie et contentement vont ainsi de pair.

Quand je pense « donner au suivant », je pense immédiatement à « enfant ». Par exemple, quand je suis tombée enceinte de mon fils plusieurs années après que ma sœur ait enfanté à deux reprises de mignons garçons, j’ai grandement apprécié les essentiels pour bébé qu’elle m’a offerts : bassinette, table à langer et des vêtements. Beaucoup, beaucoup de vêtements! Pendant toutes ces années, elle avait gardé tout ça de côté, les déménageant et les entreposant encore et encore, attendant ce grand moment où je serais également maman. Touchant, cette patience pour me faire plaisir (et économiser!)

On s’entend que bébé, dans ses premiers mois de vie, grandit vite et n’a donc pas vraiment le temps d’user ses habits! Certains pyjamas que ma sœur m’a donnés n’avaient été portés qu’une fois ou deux par mes neveux… et guère plus souvent par mon fiston. J’ai donc à mon tour plié et rangé ces petits vêtements de nuit dans une boîte en attendant qu’une femme enceinte se manifeste dans mon entourage.

Et c’est arrivé! Mon amie Sophie m’a un jour annoncé la bonne nouvelle : elle était enceinte d’un garçon. Rapidement et joyeusement, je suis allée lui porter de quoi vêtir son bambin en toute occasion et ce pour toutes les saisons! Et encore aujourd’hui, quand un chandail ou un manteau ne fait plus à mon coco, je le mets dans une boîte pour le fils de mon amie.

Mais il n’y a pas que les vêtements que j’ai « donnés au suivant ». Non, les jouets pour tout-petits, les jouets d’éveil comme on dit, sont souvent également très peu abîmés. Peut-être un peu mâchouillés, mais un petit coup de lavette et hop! ce hochet est prêt à amuser un autre bébé!

Partage, entraide et générosité, ne sont-ce pas là quelques-unes des valeurs que tout parent souhaiterait transmettre à ses descendants? Et, ô joie, les enfants apprenant bien plus par l’exemple que par la théorie, il y a de forte chance que si vous-même partagez avec autrui, vous voyiez un jour votre progéniture faire comme vous. C’est en tout cas ce qui m’est arrivé cette fin de semaine.

L’anniversaire de mon fils approchant à grand pas, je lui ai demandé de faire de la place pour les nombreux cadeaux qu’il allait assurément recevoir. (Comprendre ici qu’il devait identifier des jouets avec lesquels il ne jouait plus dans l’optique de s’en défaire.) Mon presque huit ans a retiré une piste de course des tablettes de son étagère et m’a dit qu’il voulait la donner à David, notre petit voisin.

Le lendemain, David est venu jouer à la maison. Délaissant tout à coup les figurines de dragons avec lesquelles il jouait, mon grand garçon est allé chercher la piste de course mise de côté pour son ami. « David, regarde! Tu veux que je te montre comment l’installer? » Bien sûr que David voulait! Attendrie, j’ai vu mon Lou construire ladite piste et faire rouler des petites autos dessus. David, ravi, riait et faisait des « Vroum! Vroum! » bien sentis! Dans mon salon, deux garçons souriants s’amusaient avec ce jouet, pas neuf mais encore en excellent état, qui avait aussi diverti mes neveux des années plus tôt.

À ce moment, David ne savait pas encore que cette piste deviendrait la sienne. En effet, c’est seulement quand sa maman est venue le chercher que mon fils, tout excité, s’est empressé de lui dire : « Attends, j’ai quelque chose pour toi! » David était en train de mettre sa casquette quand mon Lou est arrivé avec son précieux cadeau. « Tiens, c’est à toi maintenant. » David, surpris et content, a fait un gros câlin à son copain, visiblement très fier qu’on lui fasse confiance pour avoir de ce jeu de grand.

Émue par cet acte empreint de gentillesse et de générosité, j’ai refermé doucement la porte derrière ma voisine et son petit et j’ai serré très fort mon beau Lou dans mes bras.

juin 12, 2019 — Isabelle Millaire

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d’être publiés.