La distance

Par Geneviève Tanguay-Leduc

Mon frère et moi sommes très proches, mais loin… Je m’explique: nos anniversaires sont à 364 jours d’écart ; lui, le 26 janvier et moi, le 25. Nos parents nous ont tout fait traverser ensemble, allant des festivals de couches, aux leçons de ski, à la varicelle, les camps de vacances, tout. Étant plus jeune que lui, j’ai toujours voulu le/me dépasser tout en suivant, un peu, ses traces. Être « la sœur de Nic » m’agaçait vraiment: je voulais qu’on me connaisse pour une multitude d’autres raisons que simplement par association. Cette compétition pas toujours saine, mais aussi l’appui de notre famille nous ont amenés à développer notre curiosité et à oser prendre des risques.

Un jour, mon frère nous annonce qu’il part en France, poursuivre ses études avec sa copine. À ce moment, je ne me doutais pas qu’il allait s’y installer définitivement. L’idée de pouvoir faire des aller-retour entre Montréal et Paris me plaisait beaucoup; qui ne rêve pas d’évasion dans la Ville lumière! Puis, les mois, les années s’écoulent et nos vies se rythment par nos quotidiens bien différents et en décalage. La distance et le temps font en sorte que nos parcours se dessinent indépendamment et la compétition s’étiole plus rapidement qu’il en faut pour dire « Pompidou »!

5 ans se sont écoulés depuis son départ et je me rends compte que nous avons évolué de façon bien différente (c’est aussi à ça que sert la vingtaine me direz-vous). De jeunes adultes à jeunes professionnels, chaque traversée de l’Atlantique me permet d’en découvrir davantage sur la personne qu’il devient, en plus d’avoir le meilleur guide dans cette ville construite en colimaçon. La distance est parfois lourde, mais aussi douce; elle nous permet de saisir les choses qui comptent pour vrai sans s’empêtrer dans les petits accrocs de la routine. Elle permet de découvrir de bons plans et des endroits inconnus selon ses habitudes. Elle rend chaque moment encore plus précieux.

Et nos moments précieux seront bientôt décuplés par l’arrivée de son premier enfant, attendu en mai. Mon grand-frère portera aussi le chapeau de papa et fera de moi une tante. Ce nouveau rôle ajoute une autre perspective à cette relation. La responsabilité d’amener un enfant à s’épanouir, à découvrir, à apprendre n’est pas à prendre à la légère. Au-delà du matériel, les choses qui selon moi, comptent le plus sont le temps et l’écoute. Heureusement, la technologie nous aidera. Cette compétition initiale a maintenant cédé sa place à l’esprit d’équipe, du clan. Mon neveu sera la liaison entre deux continents et beaucoup beaucoup d’amour.

février 01, 2020 — Geneviève Tanguay-Leduc
Balises: Famille Réflexions

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