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Par Kesmira Zarur-Latorre


Ça fait dix ans que j’ai vraiment quitté ma ville. Je dis vraiment, parce que même si j’ai toujours aimé partir en voyage - et que je partais avec plaisir, chaque fois je suis revenue à la maison. Je me souviens qu’il y a eu un temps où la séparation la plus longue a été d’environ 8 mois, quand je suis allée dans un village de la forêt amazonienne. C’était juste avant de finir mes études. J’avais décidé de sortir de mon cocon urbain et de chez mes parents. À part cette seule fois, j’ai toujours habité Bogota.

C’est alors que, déjà mariée et déjà mère, le 24 février 2010, avec mon mari et mon fils nous avons dit “au revoir” au chaos du transit, à l’insécurité des rues de la capitale, à l’incertitude d’avoir un futur, mais aussi à notre travail de journalistes, à l’école et aux copains de notre fils, à nos amis et, le plus important, à notre famille. Pendant ces dix dernières années, je suis retournée quelques fois, et je suis restée, beau temps, mauvais temps, une ou deux semaines, pas plus. Mais cette fois-ci, j’y suis restée presque un mois! Ouf! Tout un défi!

Je suis retournée à Bogota et cette fois-ci aussi, j’y suis allée avec mon fils, Santiago. Quelle belle expérience de pouvoir partager avec lui toutes mes découvertes, mes surprises et mes émotions! Pour lui aussi, ça a été tout un défi, car il a quitté la ville quand il était encore enfant et maintenant, il y retourne en tant que jeune adulte!

Au début de ce séjour, je dois l’avouer, je ne voulais pas sortir de la maison de mes parents. J’y étais très confortable en pyjama et en pantoufles - aux côtés de mon père qui y habite depuis presque 50 ans-, sans rien faire, seulement prendre le temps, arroser les plantes à sa place, faire la vaisselle (mais c’était lui qui faisait la cuisine!). On était bien à lire, à nous battre pour compléter les mots croisés ou les sudokus et finir chaque journée avec un marathon de journaux télévisés, car il change parmi les trois ou quatre postes qu’il a de la télévision publique pour suivre les nouvelles.

C’était la maison où j’ai grandi. La maison de mon enfance. J’y ai encore ma chambre, mon bureau où je faisais mes devoirs, la bibliothèque de mes parents. Tout est encore à sa place, rien n’a changé, juste la poussière qui s’est accumulée… J’avais un tas de souvenirs qui ne me permettaient pas de sortir explorer la ville. J’avais besoin de me retrouver dans “mes choses”.

Mais, au fur et à mesure que le temps est passé, j’ai commencé à faire des petites promenades. Et j’ai eu la chance de découvrir nombre de nouveautés dans mon ancienne ville! Par exemple, Bogota est devenue une ville qui facilite et même encourage les déplacements à vélo. Désormais, on peut la parcourir au complet grâce à un vaste réseau de pistes cyclables, qu’on appelle les ciclorrutas.

Pour les plus téméraires, il y a aussi les bicitravesias, de longues promenades qui traversent les montagnes et qui ont comme destination les petits villages qui entourent la capitale. Et il y a toujours la ciclovia, qui transforme les grandes artères en pistes cyclables en interdisant les voitures chaque dimanche matin.

C’est un programme municipal dont j’ai profité depuis mon enfance, car il me permettait de faire de l’exercice et de retrouver mes cousins et mes amis.

Une autre surprise pour moi, c’est que désormais Bogota fait la place belle aux animaux de compagnie. On voit partout les gens avec leur chien - surtout - et ils les sortent dans des poussettes (oui! Il y a des poussettes pour animaux!), à pied, en laisse ou dans leurs bras. Il faut dire que maintenant, ils sont permis partout!

Enfin, il y a eu ces derniers temps une polémique sur une décision de changer l’image des feux de circulation pour les piétons en piétonnes. Avant, comme presque partout dans le monde, d’ailleurs, l’image était celle d’un garçon. Mais maintenant, dans plusieurs coins de rue, on a vu apparaître le dessin d’une fille qui allume soit rouge, soit vert, selon le cas! Certains ne sont pas d’accord. Oh! la discrimination positive! Ça ne plaît jamais à tout le monde!

Sinon, parlant de traverser la rue, j’ai été surprise de voir que maintenant, dans certains carrefours on peut traverser en diagonale, au lieu de le faire comme un “L”. On gagne du temps et c’est vraiment pratique!

Pendant ce retour à Bogota, j’en ai profité pour préparer un petit guide d’activités et de bonnes adresses à découvrir prochainement. Quel plaisir de renouer avec cette ville que je connais bien mais qui n’arrête pas de me surprendre!

février 12, 2020 — Kesmira Zarur-Latorre

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