Revenir de l’épicerie… toujours avec mes gants!

Par Isabelle Millaire

Sur le court chemin du retour vers la maison, tout va vite dans ma tête: je devrai tout désinfecter. Mettre mon manteau, mes jeans et mes gants au lavage. Mes bottes en quarantaine. Laver mes sacs d’épicerie également. Et tenir éloigner mes enfants. Mes cocos qui, depuis le début de cette pandémie, gravitent autour de moi. Me collent de jour comme de nuit. J’avoue que ce n’est pas sans me déplaire. Mais là, c’est non.

J’arrive. Je me stationne dans la rue et non pas dans mon entrée. Je ne veux pas que mes cocos touchent l’auto. Surtout pas les poignées des portes.

Lou et Mimone s’avancent alors que j’ai les mains pleines. Je leur demande de reculer. Je me sens comme dans les films quand le héros porte une ceinture d’explosifs qui menace de se déclencher à tout moment!

Je laisse tout dans le salon. Je procède méthodiquement. Toutes les denrées que j’ai ramenées sont passées à la lingette Lysol. Même les bananes. Les enfants rentrent en coup de vent. Je me retourne, doigt pointé et ton autoritaire: «Ne touchez à rien!» «Maman, je peux avoir un yogourt à boire?» Les Yop sont dégoulinants de «jus» désinfectant. Mimone suce son pouce. 1 + 1 = ark! «Non, je dois les laver avant.» Et c’est ce que je fais. Après les avoir passés au Lysol, je mets les multiples yogourt à boire dans l’évier, je prends une lavette imbibée de savon à vaisselle et je les lave un par un. Puis, je les rince à fond. Une fois bien essuyé et rangé au frigo… Stop! Le frigo. La poignée du frigo. Et le robinet. Et la poignée de la porte d’entrée, celles des armoires… La quantité de poignées auxquelles j’ai touché me donne tout à coup le tournis.

Une fois mon épicerie aseptisée, rincée et rangée, mon pot de lingettes sous le bras, je m’attaque aux poignées de la maison. Toutes les poignées: celle de la sécheuse, de la laveuse, du four, de la porte d’entrée, de la porte patio, alouette! L’homme, probablement inspiré par ma destruction de germes massive, m’informe qu’il va laver l’auto. L’intérieur et les poignées. Car, de mes gants, le volant et le bras de vitesse j’ai touché!

La peau de mes mains est rêche et sent le désinfectant.

Faire l’épicerie m’a pris vingt minutes top chrono.

La phase de décontamination qui a suivi: deux heures. Et ça, c’est sans compter la brassée dans la laveuse et le lavage de l’auto par l’homme!

Mes enfants, contents, ouvrent la porte du frigo et s’emparent d’un yogourt à boire. Je souris. C’est principalement pour eux que je fais tout ça. Pour tenir ce fichu virus loin d’eux. Et de moi. Pour pouvoir rester près d’eux.

avril 02, 2020 — Isabelle Millaire

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