Jardiner, c’est bon pour la santé!

Par Isabelle Millaire


Déjà, adolescente, j’aimais jardiner. Je me rappelle qu’avec ma meilleure amie de l’époque, on avait labouré un petit bout de la cour chez mes parents pour y planter des carottes. Que des carottes. Je vous dis qu’on en a mangé, des carottes! Mais sans se tanner, là! J’ai encore en bouche la mémoire de ce goût unique de la carotte fraîchement sortie de terre. Rien à voir avec les carottes pas-de-feuilles vendues en sac à l’épicerie! Et on s’en est raconté des choses, ma best et moi, entre deux bouchées de carottes et trois gorgées de Pepsi! Ah, que de souvenirs! De supers souvenirs! La fierté qu’on avait à montrer notre petit jardin à nos amis! Je ne suis pas sûre qu’ils nous comprenaient et encore moins sûre qu’ils partageaient notre passion pour ce beau légume orange! (« Goûte! Je te le dis, tu vas capoter! »)

Adolescentes avec vraiment très peu de moyens financiers, on avait planté des graines (1 $ le sachet, je crois), plutôt que des plants déjà bien portants. Des graines, donc, qu’il faut planter pas trop creux, mais pas trop en surface non plus pour pas qu’elles partent à la première pluie ou au premier arrosage. Oui, il est essentiel d’arroser immédiatement après la plantation… mais pas n’importe comment! Non! Bien arroser est un art! (sprinkle!) Et maudit qu’on avait de la difficulté au début à faire la différence entre une jeune pousse de feuille de carotte et celle d’une mauvaise herbe! Hi! Hi! Que de regards interrogateurs échangés! Tu sais, à l’époque, on n’avait pas Internet pour nous aider. Donc, si on voulait voir de quoi avait l’air une carotte qui pousse, bien, c’était à la bibliothèque qu’il fallait aller pour trouver des réponses dans des livres, qu’on devait d’ailleurs parfois chercher longtemps car déplacés par un « client » peu scrupuleux passé avant nous!

Plus de 20 ans plus tard, je jardine encore. Toujours. J’ai toutefois remplacé les carottes par des pivoines. Des iris. Des hémérocalles. Des clématites. Mes plantes sont fournies. Trop, selon mon homme. Mais moi, j’aime le côté un peu chaotique de ma plate-bande. Je ne veux rien savoir d’une plate-bande parfaite avec des petites touffes bien alignées. C’est pas moi ça! J’aime quand ça déborde! Quand ça vit et que ça t’envahit de couleurs et d’odeurs! Au printemps, rien ne me rend plus heureuse que de voir tulipes et narcisses proliférer sur mon terrain! Ça respire enfin la fin de l’hiver!

Bien sûr, cette jungle fleurie demande beaucoup de mon temps, car les fleurs, on ne peut pas se contenter de les regarder pousser! Il faut, entre autres, enlever les envahisseurs : les choux gras, les pic-pique (t’sais les petites boules piquantes qui s’accrochent à tes vêtements?) et les pissenlits. Notez bien que j’ai rien contre les pissenlits dans la pelouse (pour vrai, c’est un combat auquel j’ai vite renoncé et paraît que c’est bon pour les abeilles en plus!), mais parmi mes fleurs, c’est non!

J’adore avoir les mains dans la terre. C’est comme plonger dans la vie. Dans la chair de la vie. Et arracher les mauvaises herbes, finalement, c’est presque une thérapie! Ça défoule. Ça valorise. Et la satisfaction ressentie est quasi immédiate : tu tires sur les indésirables, puis bam! le résultat est là, dans ta face la beauté des fleurs éclate. Admire ta plate-bande et sois en fière. Par ton travail, avec tes mains, tu as fait naître ce joli tapis fleuri. Sache aussi que le travail manuel, ça te fait stopper un hamster hyperactif sur un moyen temps! Jardiner, c’est être là, maintenant. C’est être dans l’instant présent. C’est faire ton instant présent. Exit ta liste de choses à faire! Tu es dans le faire.

Puis, tu sais, il faut s’enlever de l’idée que jardiner, c’est compliqué. Si tu veux pas que ce soit compliqué, ça ne le sera pas! Le jardinage, c’est beaucoup d’essai-erreur. Tu plantes. Tu observes. Tu replantes ailleurs au besoin. Car, comme le disait mon défunt maître à penser du jardinage Ronald Leduc : « La plante, elle va te le dire si elle est bien ou pas. » Cet été, rapproche-toi de la nature. De ta nature. N’aie pas peur de te salir et fleuris ton parterre. Ou ton balcon. Des fleurs partout pour le plaisir des yeux. Embellir pour faire sourire. Cet été, respire.

juillet 29, 2019 — Isabelle Millaire

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