Attention aux clichés!

Par Isabelle Millaire

Avant de vous mettre en garde de façon plus pointue et de vous donner des trucs pour les éviter, précisons d’abord que les clichés peuvent se cacher dans la structure même de votre histoire, c’est-à-dire dans son déroulement. Par exemple, le schéma des contes de fée et de beaucoup d’histoires de princesses Disney (Cendrillon, La belle au bois dormant, Blanche-Neige…), et vous pouvez également retrouver des clichés dans le texte d’un récit. «Il était blanc comme un drap. Rouge comme une tomate.», sont des exemples patents d’expressions archi connues, éculées.

Il faut ensuite être en mesure de reconnaître un cliché. Une astuce pour reconnaître qu’il y a présence de cliché: quand l’histoire est prévisible. Vous savez, quand, en regardant un film ou en lisant un roman, vous êtes capable de deviner la suite. Facilement. C’est ce côté «déjà vu» qui sent le réchauffé et qui gâche le plaisir du spectateur-lecteur.

Il faut faire particulièrement attention quand on fait parler des personnages. Leur faire débiter un ramassis de clichés – des phrases toutes faites, prémâchées - fait perdre de l’intérêt pour le discours qu’ils tiennent.

Il est possible cependant d’aller chercher un effet comique, comme de faire de l’utilisation de clichés carrément un trait de votre personnage, comme un politicien qui a la langue de bois… Ou un voisin qui truffe ses propos d’expressions telles que: «J’y suis pas allé de main morte, je lui ai dit ma façon de penser! J’ai fait une pierre deux coups et je lui ai levé mon chapeau… Il fallait que je sauve ma peau alors j’y suis pas allé avec le dos de la cuillère.» Vous voyez?

Mais je ne saurais trop vous suggérer de trouver vos propres expressions et comparaisons. Votre histoire en gagnera en originalité.

À ce sujet, je me souviens que, dans un atelier de création littéraire que j’ai eu dans le cadre de mon cursus scolaire, je devais écrire un événement qui m’était arrivée, une «tranche de vie», comme on dit. Ma professeure s’était servie d’un bout de mon texte pour expliquer comment éviter un cliché, justement. Ce que je racontais: la fois où, quelques copines et moi, nous avions traîné une amie dont c’était l’anniversaire dans un resto qui avait la réputation de souligner les fêtes de façon loufoque. Rendu au dessert, la serveuse a tendu un poulet en plastique à la fêtée et lui a demandé de se mettre debout sur sa chaise le temps qu’on lui chante «Bonne fête» et qu’on lui apporte son morceau de gâteau. La description que j’avais faite de mon amie - très gênée, il va sans dire: «Elle était aussi rouge que la crête du coq qu’elle tenait dans ses mains.» Plutôt que d’utiliser le très (trop) connu «rouge comme une tomate», je me suis servie d’un élément de mon récit – le poulet / coq en plastique – pour décrire, qualifier mon amie.

Déconstruire le cliché

Reconnaître le cliché vous permettra aussi de jouer avec lui… Déconstruire le cliché peut être amusant. On joue ainsi avec les codes connus par le spectateur ou le lecteur pour l’amener ailleurs. Un excellent exemple d’une telle déconstruction: le film d’animation Shrek. Le prince charmant est un ogre qui fait des chandelles avec sa cire d’oreille. La princesse à sauver est en fait une ogresse verte à l’allure un peu porcine. Le dragon tant craint est en fait une gentille dragonne… qui est amoureuse d’un âne! et je pourrais continuer encore longtemps de vous donner des exemples, mais je pense que vous avez compris le principe 😊

Bonne rédaction!

juin 08, 2021 — Isabelle Millaire

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