Geneviève, photographe de contrat et de coeur

Par Hélène Lebon


On se retrouve dans un petit café rue Laurier, à quelques coins de rue de chez elle. Gen est radieuse sous le temps gris de cet après-midi frisquet. Loulou est avec elle; Louise et sa frimousse angélique, sourire généreux et calme absolu, du haut de ces jeunes mois de vie nous observe en souriant. Geneviève, c’était notre photographe de mariage, une amie qui a dit oui pour immortaliser ce jour si spécial du 19 octobre 2019. On l’aime beaucoup. Elle a le clic élégant et le déclic opportun, un style épuré dans lequel tout le monde paraît bien et une douceur enveloppante dans chacune de ses photos. Alors je voulais la rencontrer, savoir, comprendre son talent et sa carrière, jaser un peu d’entreprise, de famille et de passion.

Parmi nos photos de mariage prises par Geneviève, notre complicité lors des voeux

Rencontrer son don

«Je n’ai pas toujours voulu être photographe, tu sais! Et devant mon air incrédule, elle m’explique. J’ai toujours eu un appareil photo dans les mains, mais ça n’était pas une passion au point de me dire «je veux en faire mon métier». C’est vraiment arrivé plus tard.» D’abord, cette fille unique, dont les parents ont des jobs plus cadrés - un père psychanalyste et une mère infirmière, puis directrice marketing - a fait un bac en relations internationales. «Mais finalement, j’ai compris que ça n’était pas ce que je voulais faire. J’ai travaillé en gestion de commandite.» Gen avait continué de faire partie du club de photo, à participer à des ateliers. «Je faisais ça pour le plaisir, en autodidacte», précise-t-elle. Et alors qu’elle s’intéresse à la photo encore en dilettante, elle découvre à la mort de son grand-père que ça avait été sa passion à lui aussi et hérite de son matériel. Finalement, un événement déterminant va la rapprocher de la photographie. En voyage en Croatie, ses clichés de vacances rencontrent un franc succès et des commentaires flatteurs qui sonnent comme un encouragement.

Geneviève Giguère Photographie
Geneviève en Croatie, le début de l’aventure

Explorer son talent

«Je me suis équipée, mais je me suis toujours dit «C’est beaucoup d’appelés et peu d’élus.» Honnêtement, je ne pensais pas pouvoir en faire mon métier et j’étais quand même à l’aise dans des postes qui ont un cadre défini», explique-t-elle en jetant un coup d’œil à Louise qui dort imperturbable. Puis, il y a eu un contrat avec un festival, ensuite, ça s’est enchaîné: un peu de hasard, beaucoup de travail et c’est une démarche entrepreneuriale qui a finalement abouti à faire de Gen une photographe professionnelle. «Mon poste a été coupé, je me suis retrouvée au chômage et j’ai pris ça comme une opportunité. Je me suis inscrite à de nombreuses formations pour lancer mon entreprise, je travaillais sur le projet 60 ou 70 heures par semaines. Mais quand c’est comme ça, il ne faut pas compter, parce qu’à la fin, ça vaut la peine, c’est vraiment gratifiant. J’ai décidé d’essayer et puis je me disais que je n’avais pas grand-chose à perdre: j’étais célibataire, j’habitais dans un tout petit appartement, je n’avais pas d’hypothèque ni d’enfant à l’époque, donc c’était le bon moment.»

Bâtir son entreprise

Gen est une fille très positive, toujours le sourire; c’est facile et agréable de travailler avec elle. On s’est connue d’abord sur des contrats pour un client commun. Ponctuelle et sérieuse, elle supporte bien la pression et ne fait pas de compromis sur la qualité de son travail. «Mais ce qui était très dur pour moi, c’était de fixer mes tarifs, puis d’aller développer ma clientèle. Je suis une personne très introvertie! Par chance, le bouche à oreille a bien fonctionné et en 7 ans de carrière, je n’ai pas encore eu besoin de faire du démarchage.» Un coup d’oeil à Loulou et, telle mère, telle fille, elle affiche un joli sourire sur son minois détendu de poupon endormi. «Au Québec, on a vraiment un incroyable système de congé de parentalité, même comme travailleur autonome. Et puis maintenant, je peux reprendre en douceur et profiter de ma fille», souligne Gen qui la couve du regard. «Bien sûr, être mère moi-même, ça m’a beaucoup aidée à mieux comprendre les futures ou jeunes mamans. Comprendre les enjeux, les complexes aussi.»

Geneviève Giguère Photographie | La Belle Excuse
Séance photo pour La Belle Excuse

Construire sa famille

La nouvelle est arrivée vite. «On s’est rencontré en septembre, le test est sorti positif en décembre: j’étais enceinte, confie Gen. Depuis le jour 1, je savais que c’était un coup de foudre notre histoire et jour 2, on parlait déjà d’avenir. Alors, après 48 heures de gros stress, on a naturellement décidé qu’on aurait ce bébé. Je savais aussi que je voulais être maman dans ma vie. C’est arrivé là.» Mais à ce moment, le papa en PVT (permis vacances-travail) travaille dans l’Ouest canadien et c’est à distance qu’ils vivent les premiers mois de grossesse. De retour à Montréal, il pose ses valises en même temps qu’ils aménagent la chambre de Loulou. D’un stress à l’autre: le papa de Louise est Français et des changements dans la loi les inquiètent; ils décident donc de se marier. Pour l’amour, pour la petite famille, pour toute la vie. «Même si mes parents sont divorcés et que je connais les statistiques, je suis une éternelle optimiste et je veux y croire. Pour moi, les mariages, c’est magique!» Elle qui en photographie beaucoup avoue que ça a pu être un avantage pour le sien, qu’elle a organisé en quelques semaines. «Je savais ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. J’ai essayé une robe blanche, je ne me suis pas reconnue. J’ai opté pour quelque chose qui me ressemblait plus. Mais l’émotion de mon père, du marié, les vœux, ça m’a surprise.» Je la sens encore émue. Comme je la comprends! Je garde de mon mariage le souvenir flottant d’une journée remplie d’amour, de bienveillance, une magie inexplicable qui défie tous les chiffres. Elle ajoute encore: «Je lui ai dit dans mes vœux “Je te promets d’expliquer à notre fille que quand tu dis ‘pastèque’ tu veux dire ‘melon d’eau’!”»; une jolie façon de célébrer sa famille multiculturelle.

Les amoureux Gen et Koushon !

Inscrire son art dans la durée

Gen est une photographe qui a diversifié son agenda comme son talent. Contrats corporatifs, mariage, lifestyle, elle tient à cette variété. «J’ai découvert la photo de maternité il y a quelques années, pour une amie avec son bébé. Ça a été une révélation. J’ai vraiment adoré ça! Et puis un bébé change tellement vite dans les premiers mois de sa vie, je crois que c’est important d’immortaliser ça, surtout avec les parents.» Gen a notamment prêté son talent pour la fondation de l’Hôpital Sainte-Justine. «Parfois, l’issue était heureuse, parfois c’était plus difficile, mais j’ai compris que dans un cas comme dans l’autre, ces instants captés étaient essentiels pour guérir, continuer, avancer.» Les mariages aussi sont une partie importante de ses contrats. D’ailleurs, si vous connaissez la date de votre cérémonie, après être passée par là, je ne peux que vous encourager à la contacter pour immortaliser ces instants. «Je dis toujours le plus tôt c’est le mieux, ça peut aussi donner l’occasion de faire une séance de fiançailles ou pré-mariage, pour mieux se connaître et bâtir une relation entre eux et moi, parce qu’au final, je me retrouve dans vos bobettes ce jour-là!» souligne Gen. Et honnêtement, j’abonde dans son sens, pour nous, le lien qu’on avait avec elle a beaucoup aidé parce que ça nous a rendus plus naturels et davantage ancrés dans le moment. «Je fais aussi des corpos. J’aime la variété dans mon métier.»

La sensibilité des premiers instants de vie captés par Geneviève

Une photographe bienveillante

Et je lui demande «Tu dis souvent “métier” rarement “passion”, est-ce que tu ne te sens pas artiste?» Elle éclate de rire. «Je ne suis pas une artiste dévorée par sa passion, non. Et dans les faits, je ne fais pas des photos que j’espère vendre ensuite. Je travaille sur contrat, pour des mandats. Je crois que j’ai besoin de ça. D’une part, une fois la partie de revenus réglée, ça libère ma créativité. D’autre part, je suis quelqu’un de très rationnel et posé, j’ai besoin de ce cadre.» Ses clichés sont toujours superbes. Qu’elle photographie une personne ou un édifice, un événement ou un produit, son esthétique est irréprochable et équilibré, ses photos sont cristallines et intemporelles. Je la regarde qui se penche sur Louise en train de se réveiller. Sourire de l’une, sourire de l’autre. Elles me font penser à ses jolies photos. «Gen en vacances n’a pas son appareil photo, tu sais! Même ma fille je la photographie avec mon cellulaire!» s’exclame-t-elle. Louise regarde sa mère et ses petits yeux amandes vifs croquent celle qui ne résiste pas à fondre dans son cou quelques bisous qui la font rire. Les photos de Gen, c’est ça. Je comprends maintenant. Les photos de Gen transmettent ce bonheur et donnent à voir aux yeux ce que le coeur ressent.

Geneviève et Louise tout sourire, telle mère telle fille!

 

avril 06, 2020 — Hélène Lebon

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