la complicité de mes enfants - LEBON trait d'union

Par Isabelle Millaire

Obligés d’être ensemble tout le temps, tous les jours, fins de semaine comme jours de semaine, du lever au coucher, sans la possibilité de se retirer chacun dans sa chambre quand la tension monte dangereusement puisqu’ils dorment dans la même chambre, en plus de prendre tous leurs repas à la même table, on peut dire que le confinement a d’abord mis à rude épreuve la patience et la tolérance de mes cocos. Mais au début. Au début seulement.

Dans le même bateau, ne pouvant pas inviter d’ami(e)s à la maison, Lou et Mimone se sont découvert des affinités. Ou plutôt, se les sont créées, les affinités. À grands coups de lectures partagées et de jeux de rôles. De jeux dans mes platebandes comme s’il s’agissait de carrés de sable et de chansons chantées à tue-tête en duo, parfois même filmées et chorégraphiées.

Lou et Mimone dans ma platebande

Je les entends rire et se chicaner. Je les entends négocier et s’excuser. Je les entends élaborer des jeux, se créer des personnages en inventant d’étranges dialogues aux relents de Kaboum, des Argonautes et de Fortnite. Tout se mélange pour créer un monde imaginaire bien à eux.

Et je les entends se re-chicaner. Oui, les conflits sont fréquents. Sont-ils plus fréquents? Je dirais plutôt qu’il y en a autant «qu’avant». Avant la pandémie. Mais les jeux à deux, eux, sont plus nombreux. Définitivement. Les fous rires aussi.

Lou et Mimone se sont aussi découvert des points communs: une haine féroce des devoirs et un dégoût (inexplicable) du brossage de dents. Ces détestations semblables les ont rapprochés. Consensus également en ce qui concerne la Vilaine (moi, en l’occurrence!) qui exige qu’ils fassent ces travaux scolaires maudits. La séance d’école à la maison quotidienne (que je poursuis malgré la fin officielle des classes, comme je l’explique dans un épisode de Café noir et tableau blanc) est certes houleuse, mais elle permet, en plus de faire réviser les acquis de la première et de la troisième année du primaire à ma progéniture, de resserrer encore davantage leurs liens fraternels. Et ça, c’est un fichu de beau cadeau. Un beau cadeau inattendu; une belle surprise de ce confinement qu’on croyait juste désagréable au commencement.

Puis, moi aussi, j’y ai pris goût, à ce côté collé-collé tout le temps. Toujours avec mes enfants, même si les devoirs et les leçons sont une étape pénible de nos journées, que je me retrouve parfois (souvent) à faire la police pour rétablir le calme, j’apprécie grandement de les avoir près de moi. D’ailleurs, maintenant que les parcs sont ouverts, qu’ils peuvent revoir leurs ami(e)s, j’ai comme un petit pincement au cœur. Notre petite bulle a éclaté pour laisser entrer les ami(e)s retrouvé(e)s.

Mimone et moi au parc

La vie reprend des apparences de normalité. Pas complètement, bien sûr. Il y a encore du gel hydroalcoolique partout et je continue de faire livrer mon épicerie. Mais les enfants ont retrouvé une certaine liberté. Une liberté de mouvement, notamment.

Certes, cette pandémie nous est tombée dessus sans qu’on ait rien demandé. Mais plutôt que de chialer constamment sur ce qu’elle nous impose, pourquoi ne pas s’attarder sur ce qu’elle a créé?

Lou et Mimone
juillet 10, 2020 — Isabelle Millaire

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