Love y Amor - Self-love

Par Hélène Lebon

avec la collaboration
de Sylvie Courchesne et Cheryl Coello

2020 tire à sa fin. Une bien drôle d’année pour tout le monde, une année de confinement international, de doutes, de vies qui changent. Cet épisode de la série Love y Amor est un peu spécial, un peu hors-série. J’ai demandé à deux filles qui me sont proches, deux femmes sur des continents différents, que j’ai vues accomplir des choses formidables pour elles-mêmes cette année, de nous partager ça. L’amour pour soi ou la sagesse de se choisir. S’écouter, s’aimer assez pour prendre des décisions de vie pas toujours faciles, mais ô combien louables. Vie amoureuse, professionnelle, relation avec son corps, famille, déménagement; pour moi, elles sont deux héroïnes de 2020 et la preuve qu’on a toujours son destin en main.


Sylvie, 22 ans, Canada

Pour apprendre à s’aimer, on doit commencer par apprendre à se connaître. Cette année est définitivement celle qui m’en a appris le plus sur moi-même, celle où j’ai pris des décisions qui auront changé ma vie au grand complet.

Le premier janvier à 8h, je commençais l’année sur une bonne note à mon nouvel emploi où j’ai travaillé avec des animaux pour la première fois, ce que j’ai toujours voulu faire. J’y ai fait de très belles rencontres autant canines qu’humaines, dont une toute particulière qui est devenue une bonne amie. Le 18 mai, en pleine pandémie et avec tout le temps du monde, j’ai accueilli une boule de poils blanche dans mes bras. Un deuxième chien rempli de personnalité, d’amour et d’intelligence. Avec mes deux amours à quatre pattes, je suis comblée!

La relation toxique remplie de colère, de larmes et de désespoir, je l’ai vécue pendant quatre ans et demi. Relation dans laquelle je n’étais pas heureuse depuis trop longtemps déjà, dans laquelle je ne me respectais pas. Avoir mis fin à cette relation il y a quelques mois a été très révélateur pour moi. J’ai appris, parmi plusieurs choses, que je suis plus forte que ce que je croyais et que de vivre seule avec mes chiens... c’est la vie, en fait!

Quand mon père et ma belle-mère m’ont demandé si je voulais déménager avec eux loin de tout ce que je connaissais alors, à L’Île-du-Prince-Édouard, endroit qui m’était, avant le premier septembre, complètement inconnu, j’ai tout de suite considéré le projet. Après seulement quelques jours de réflexion, j’ai pris la décision de tout quitter.

Le 31 août, j’étais dans ma voiture - pleine à craquer - avec mes deux chiens sur la banquette arrière, au départ de la rue Labonté à Longueuil, devant la maison dans laquelle j’ai grandi. J’ai dit au revoir, mis de la musique, embrayé la première vitesse et tout quitté. Sentiment simplement indescriptible. Liberté. Deux jours d’émotions en direction d'une nouvelle vie. En écrivant ce paragraphe, alors que mes émotions prennent le dessus et que les larmes commencent à couler, mes amours sont venus se coller, voulant me consoler, chose qu’ils font rarement. Je jure qu’ils m’ont dit avec leurs yeux, que j’ai pris la bonne décision. Je me suis choisie.

En me regardant dans le miroir, je n’ai jamais été satisfaite. J’ai vécu beaucoup de hauts et de bas dans ma relation avec mon corps: trop de gras par-ci, trop de poils par-là, des traits pas assez délicats et j’en passe. Mais cette année, après une perte de poids et un chemin vers l’acceptation de certaines imperfections, la réflexion, je ne la trouve pas si pire. On sait tous comment les enfants peuvent être crus et méchants dans leurs propos, on sait que ça marque.

Moi, au primaire, on m’intimidait pour ma pilosité. C’est là que le complexe a commencé. Avant même l’âge de 12 ans, je m’épilais les jambes et les sourcils. Ce n'est que 9 ans plus tard que j’ai commencé à accepter le poil à certains endroits sur mon corps. Je suis en processus d’un très grand travail sur moi-même à ce sujet. De me dire que c’est mon corps, mon choix, ma liberté et que je n’ai pas à me fier sur le regard des autres. L’important, c’est que moi, je m’aime.

À travers tout ça, en apprenant à me connaître, je peux dire que j’apprends définitivement à m’aimer. Je me forge encore, je me cherche encore, mais je me dis que j’ai le temps de prendre le temps.

 


Cheryl, 40 ans, Équateur

Cette année a été unique, à bien des égards. Je me rappelle toujours les mots d’Hélène quand elle dit que même si les défis de 2020 semblent insurmontables, c’est impossible de détester cette étrange année. 2020 nous a changés. Et pour ceux qui, comme moi, ont survécu à des tempêtes dans tous les aspects de leur vie, aujourd'hui, on se sent plus fort que jamais.

Pour moi, l’amour était LA recherche de ma vie. Après une longue relation toxique, je me suis dit: «voilà, je me suis trompée d’homme, je n'ai pas choisi correctement». Et donc, je me suis consacrée à devenir une femme qui allait «mériter» un grand homme, un homme bon, le grand amour, en somme.

J’ai changé mon régime alimentaire, pour perdre les kilos qui créaient un abîme entre l’homme de mes rêves et moi, entre ce bel inconnu intelligent, qui jugerait mon surpoids comme un manque de volonté, j’en étais sûre. Je m’étais déjà convaincue que la seule façon d’attirer l’homme parfait, c’était en perdant du poids. J’ai perdu 15 kilos et je me suis sentie plus confiante. J’ai commencé à télécharger les applis de rencontre sur mon cellulaire, histoire de me sortir un peu hors de ma zone de confort. Parce que… bon, évidemment, COVID oblige ici aussi, il n’y a plus tant de lieux ouverts pour connaître quelqu’un, et pas non plus d'activités de groupe qui pourraient me permettre de rencontrer l’homme parfait que j'attendais.

Un profil Tinder bien construit, intéressant et attirant, avec de belles photos. Et d’un coup, plusieurs hommes, différents - mais tous les mêmes en un sens, sont apparus dans ma vie. Des hommes qui étaient eux aussi à la recherche de la perle rare, mais tous aussi perdus que moi, à ne pas savoir, dès le début, que c’était une recherche inutile. J’ai vécu des histoires joyeuses et romantiques, passionnelles et inoubliables, mais aucune n'est jamais parvenue à me faire sentir «ÇA».

Après quelques mois, après quelques beaux souvenirs et aussi des moments de tristesse et de déception, je suis arrivée à une grande épiphanie. La plus grande révélation de 2020 pour moi, je crois. Je me suis toujours trompée de personne dans ma recherche de l’amour. Parce que je cherchais dehors ce qui me manquait à l’intérieur. Je cherchais à remplir à l'extérieur un espace vide à l'intérieur de moi. En moi.

Et comme ça, presque du jour au lendemain, le happy ending a commencé. Ma recherche de l’amour a changé, pour se consacrer à moi. Désormais, je me cherche tous les jours dans le miroir et dans toutes les choses que je fais. Je suis tombée amoureuse, oui, avec moi. Maintenant, je danse et je pratique la danse du ventre, je fais de la boxe, je fais de l'exercice tous les jours. Je récupère mon corps, je me l’approprie chaque jour un peu plus. J’apprends de nouvelles choses et je passe du temps avec des amis chers. Je chante. Je mange ce que je veux, mais je ne sens plus la faim infinie, fille de la solitude. Je sors encore avec des gars de Tinder et je me permets des bons moments, mais je ne suis plus à la chasse, à la recherche de l’homme parfait.

Cette année, je me suis trouvée et je m’aime.

 


Elles ne se connaissent pas vraiment. Elles n’habitent pas sur les mêmes continents, elles parlent des langues différentes. Et pourtant. Pourtant elles sont là, drapées dans une féminité très moderne et des préoccupations très actuelles. Et elles cheminent, elles m’entourent et je les admire. Quelle force, celle de s’aimer. Quelle générosité et bienveillance que celle de s’aimer malgré tout et malgré tous. 2020, pas une année facile… 2020, comme une grande révélation, le besoin impérieux de retrouver une certaine solidarité, une sororité et je ne suis pas peu fière aujourd’hui de vous avoir présenté ces deux témoignages inspirants. Puissions-nous toujours nous tenir debout, solidaires et heureux/ses.

novembre 15, 2020 — Hélène Lebon

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