Marlene-lebon trait dunion

Par Marlène Lefebvre


Depuis toute petite, je suis une créative. Alors on s’entend, petits, nous sommes tous des artistes: sculptures de pâtes à modeler, dessins sur feuilles de papier ou encore taches de ketchup sur le bavoir, notre productivité est en pleine ébullition, et ce, presque 24/24h.

Mais moi, ici, je vous parle de vraie création. Pas le truc que vous aurez fait en 30 secondes, avec un feutre sec, que vous donnez à vos parents en guise de cadeau (mais en vrai c’est pour vous en débarrasser) et dont eux, à leur tour, chercheront à se défaire, en toute discrétion bien sûr, pour ne pas provoquer roulades et cris au sol.

Lorsque j’avais 10 ans, j’ai appris que notre voisine Micheline faisait des tableaux. Alors Micheline peignait, oui, mais bon... Disons que ses “natures mortes” et ses “chiens sur canapés en velours”, ça n’était pas vraiment mon genre à moi. Mais, elle peignait. Le temps qu’elle y mettait, ses toiles douteuses qui parcouraient ses murs, ses tonnes de tubes de peintures rangés méticuleusement... Lorsque j’étais avec elle, c’était comme un gamin que tu mets devant ses jeux vidéos aujourd’hui: tu l’oublies, il t’oublie, puis t’es peinard. Un jour, elle m’a dit qu’elle pouvait m’apprendre quelques trucs. Toute « oui » que j’étais! Alors voilà, reproduction de Monet, je te ferais («Coucher de Soleil à Venise» entre nous, c’était bien plus réussi que l’original.) Puis un autre, puis deux autres. Je l’adorais, elle et ses petits gâteaux, son caniche, tout ce qu’elle m’avait enseigné sur la peinture à l’huile. Faut dire qu’en fait, elle était géniale, Micheline, mais après m’avoir appris ses techniques, je crois qu’il était temps d’apprendre les miennes, de techniques.

Puis le collège, toujours les meilleures notes en arts plastiques (eh oui.)

Puis le lycée, option arts plastiques. Puis des expositions en galeries, puis des ventes, puis voilà que je croulais sous l’or. Enfin, presque.

S’en viennent ensuite mes études en architecture. La première année, c’est beaucoup de dessins, de couleurs, de matières. Puis les trimestres avancent et changent. Désormais, ma créativité, c’est penser des habitations, réfléchir à la manière dont les gens pouvaient vivre au mieux dedans, mais c’est aussi - et surtout - passer ma vie derrière mon ordinateur à dessiner des plans, mesurer, calculer, tout ça pour finalement me faire dégommer le projet par des professeurs parfois un peu sadiques (je vous raconterai un autre jour). Au bout de trois ans, j’ai décidé que l’architecture c’était bon pour les autres, mais destructeur pour moi.

Alors j’ai passé le concours pour l’école de Beaux Arts de Rouen, la veille de mon diplôme d’archi.

J’ai été prise. L’annonce est tombée le jour de mon anniversaire. Il fallait maintenant annoncer à mes parents que j’avais raté mon année en archi, mais aussi que j’avais passé le concours en cachette et que j’étais prise aux Beaux-Arts. Fini les rêves de «ma fille est architecte», place à «ma fille? Elle tague les murs de la ville et prends des photos de cailloux.» La pilule est passée, je ne sais pas par quel biais, mais elle est passée, absorbée, digérée.

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J’ai adoré mes études aux Beaux-Arts. Dans cette école, on nous apprend à développer notre imagination, à créer des trucs insolites, moches et invendables. Mon Dieu que c’était bon. Puis aussi, et surtout, on touche à tout! Reliure (j’ai adoré), vidéo et montage (j’ai adoré), photographie (j’ai adoré), peinture (j’ai adoré), dessin (j’ai... mmh… idée reçue, t’es pas en école d’art parce que tu sais dessiner et que t’adores ça), sculpture (j’ai adoré). Si c’était à refaire, je le referais, maintenant, tout de suite. J’ai tellement appris des professeurs, des autres étudiants, et sur moi-même. J’aimais tous mes travaux, puis si c’était le cas contraire, y’avait qu’à recommencer, et re-explorer de nouveaux chemins. Alors c’était génial. Durant ces années, j’ai beaucoup créé pour des projets d’école, mais rien de très concret pour moi, pour mon plaisir personnel.

Cela fait maintenant presque trois ans que je vis au Canada, puis j’ai toujours des excuses pour ne pas créer: un travail qui me prend du temps, un petit appartement sans place, pas de matériel. Mais le vrai problème, c’est que je n’ai plus d’inspiration. J’y arrive plus. Le peu d’idées que je pourrais avoir, j’en reviens toujours au même: «mais c’est nul, mais c’est du déjà vu, mais c’est une perte de temps, mais…». Puis franchement, le “je n’y arrive plus”, il est pesant. J’en crève d’envie de salir le parquet et décorer les murs de l’appart. Alors je ne manque pas d’idées, comme toujours, mais dès qu’il s’agit de s’y mettre, j’ai un énorme panneau STOP qui me tape le front en continu.

Mes seuls projets artistiques de l’année passée, c’était regarder la façon dont poussaient mes boutures de plantes vertes (OMAGAD), puis les voir dépérir, lentement (OMAGAD).

Mais voilà. 2020, c’est pas la même chose.

Mon programme 2020, afin de rebooster cette créativité cachée dans mes entrailles est établi: je vais me bouger et aller au musée, je vais suivre la série «Abstract» sur Netflix, je vais dessiner en vrai ou sur tablette, je vais m’inscrire sur Etsy pour me motiver davantage (ben oui, les dessins, c’est l’fun, mais les dessins vendus, c’est encore mieux), je vais écrire des articles, je vais faire de la photo, je vais lire, je vais écouter de la musique et de jolis podcasts, je vais me bouger.

Puis comme j’en parlais avec Florence du blog La Mouette, le fait de le dire ouvertement, c’est un peu comme signer un contrat: c’est dit, y’a plus qu’à faire.

Nous sommes en mars.

Autrement dit, le quart de l’année (elle va vite cette année nan?)

Voilà où j’en suis.

  • J’ai de magnifiques plantes à en devenir (ben oui, l’année dernière c’était pas ma faute, c’est l’environnement de mon ancien appartement qui les a toutes tuées, Of Course)
  • J’ai changé de travail et ai embauché une assistante au top, ce qui me laisse plus de temps pour créer,
  • Je me suis mise au sport (croyez-moi, fêtes de fin d’année en famille, travail à la maison et année des 30 ans ne font clairement pas bon ménage)
  • Je fais de la photo de qualité supérieure (ok, non, mais quand même: Cat Madame Mouche et Le Vieux Longueuil). D’ailleurs, je vous conseille de lire ce billet très intéressant où Mario nous explique ce que c’est d’être un photographe, ou une « personne qui pratique la photographie comme amateur ou comme professionnel »
  • J’écris par-ci par-là des articles, c’est tout nouveau pour moi, puis j’aime ça: raconter ma vie, c’est plus qu’une passion, c’est une façon de vivre
  • Je dessine («ouais genre», nan pas genre, je mets ça en ligne en story sur mon Instagram plusieurs fois par semaines (ok, j’ai commencé la semaine dernière) puis tout ça partira bientôt sur Etsy lorsque mon problème de carte sera réglé)
  • Je prévois aller voir l’exposition sur Frida Kahlo au musée, entre autres, mais aussi (re)découvrir les musées de Montréal.
  • Je reprends la lecture de certains livres abandonnés en cours de route.
  • J’écoute des podcasts (bon, c’est pas très culturel ce que j’écoute, alors je vous passerais les détails)

Ah non, mais croyez-moi les gars, le changement, c’est maintenant!

Je pense que l’inspiration ne vient pas en étant affalée dans son canapé, à manger un paquet de chips ondulées et à regarder la nouvelle saison inédite de Friends (OK, je l’ai vue 10 fois). L’inspiration, faut la provoquer, il faut sortir et ouvrir son esprit telle une moule cuisinée aux oignons.

J’espère tenir cette liste de résolutions pour 2020. Promis, je vous ferai un debrief en fin d’année. Puis si vous ne voyez rien en ligne courant janvier 2021, c’est que j’aurai honte et me serai enfermée à double tour sous ma couette, avec mes chips ondulées, à regarder l’ultime épisode de Friends (et là, c’est pas une joke, il sort cette année! - 2020, c’est THE année).

À bientôt,

Signé,
Marlène L. Artiste
(ben oui, toutes ces œuvres d’arts photographiées sont de moi!)
- Sinon, oui, ça va les chevilles, merci -

mars 02, 2020 — Marlène Lefebvre

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