Été, télétravail et FOMO

Par Isabelle Millaire

Cette année a été étrange, on le sait tous. Mes cocos ont terminé leur année scolaire tannés. Avec la hâte d’en finir avec toutes les contraintes et les incertitudes propres à leur âge : vais-je pouvoir inviter des ami.e.s à la maison? Faut-il porter un masque pour aller à La Ronde? Est-ce qu’on va pouvoir faire des câlins à papi et mamie d’ici la fin de l’été?

De mon côté, je tente de les accompagner du mieux que je peux. Mais je n’ai pas de réponses. Je suis les directives. Donc, j’ai multiplié les «on verra» et les «peut-être» qui occasionnent régulièrement des crisettes de ma progéniture qui en a marre de ne pas savoir.

 

Été, télétravail et FOMO - Lebon Trait d'union

 

C’est donc avec soulagement que j’ai accueilli l’été avec sa fin des routines quotidiennes. Je réalise toutefois que le télétravail et le mode vacances de mes cocos est, disons, une expérience parfois éprouvante!

C’est que je n’ai pas de vacances cet été. Ayant de nouveaux projets professionnels, je suis heureuse, mais très occupée. J’ai décidé d’embrasser de nouveaux défis, mais je dois avouer que j’ai un peu de mal à voir mon homme et mes enfants partir… me laissant seule devant l’écran de mon portable. «Tu vas pouvoir te concentrer plus facilement. On est en vacances. Pas toi. On en profite et ça te permet de travailler au calme.» Il a raison, mais.

Mais j’ai du mal à les voir partir. Je les aide à se préparer malgré les «Je m’en occupe. Fais comme si on était pas là.»

 

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Autant je suis exaspérée qu’après plus d’un an, à chaque fois que j’informe Lou et Mimone que je serai en rencontre (Zoom, TEAMS, peu importe) ou que j’ai des téléphones importants à faire, j’ai l’impression que l’info que je viens de leur donner entre par une oreille… pour ressortir quasi instantanément par l’autre, autant je suis désemparée quand ils partent pour une journée d’activité avec mon homme…

Vous savez, cette peur de manquer quelque chose (Fear Of Missing Out – le fameux FOMO) qui poussent certaines personnes à multiplier les activités (spectacles, expositions…), les 5 @ 7, les brunchs et les soupers entre amis jusqu’à l’épuisement? Eh bien, moi, j’ai cette peur de louper quelque chose de la vie de mes enfants depuis leur venue au monde. Je ne saurais dire si cette peur vient de ma crainte viscérale de ne pas être à la hauteur de mon rôle de mère – pensez-y : je suis responsable de deux petits humains; je dois leur inculquer les bases qui feront d’eux des adultes, des citoyens, des voisins, des travailleurs etc. qu’ils seront «demain»… -, de la peur qu’il leur arrive quelque chose en mon absence – j’ai travaillé trop longtemps aux nouvelles… ça laisse des traces toutes ces mauvaises nouvelles qui passaient en boucle à la télé» - ou de la conscience que tout passe (trop) vite: c’était hier que je faisais pipi sur un petit bâtonnet de plastique et que j’annonçais à l’homme qu’on serait parents!

 

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Pas simple de gérer toutes ces émotions. Je veux être présente, mais je veux aussi du temps pour moi. Je veux faire partie de TOUS leurs souvenirs d’enfance… tout en sachant que le temps qu’ils passent seul avec leur papou est précieux…

Aujourd’hui, mes amours sont à La Ronde. Je ne travaille pas: c’est dimanche. C’est donc les deux mains dans la terre de mes plates-bandes que je vais combattre ce sentiment d’être une mauvaise mère.

 

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Je viens à peine de refermer la porte sur nos derniers «bye-bye» que, déjà, j’ai hâte de recevoir des photos et vidéos de leur escapade sans moi.

À leur retour, alors que mes ongles seront encore noirs de terre, je les écouterai avec joie s’entrecouper la parole pour me raconter que tel manège était sick ou qu’ils ont eu droit à une crème glacée «trempée dans les bonbons» en guise de collation.

Et, comme tous les soirs, en allant les border, je n’en reviendrai pas de ma chance d’avoir ces deux petites bestioles d’amour dans ma vie. 

juillet 16, 2021 — Isabelle Millaire

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